Faouziatou décroche son master et rêve de créer son entreprise agricole

Faouziatou sur le terrain ou à l’ordinateur lors de sa soutenance.

Deux ans après avoir obtenu sa licence avec la mention très bien, Faouziatou IBRAHIMA franchit une nouvelle étape majeure : elle vient de soutenir, avec succès, son mémoire de master en phytotechnie et amélioration génétique des plantes à l’Université de Parakou. Un accomplissement qui confirme la progression impressionnante de cette jeune femme originaire de Djougou, accompagnée depuis le collège par l’Association Évreux–Djougou Coopération.

Une soutenance placée sous le signe de la résilience et de la maturité

« Je me sens profondément reconnaissante, soulagée et fière », confie Faouziatou, encore émue quelques jours après sa soutenance.
Pour elle, cette réussite n’est pas seulement académique : elle marque la victoire d’années de persévérance, de nuits blanches et de défis personnels surmontés avec courage. « Entre la première année de licence et aujourd’hui, ce qui a le plus changé en moi, c’est ma vision de moi-même. Je me sens plus forte et plus consciente de ma valeur », explique-t-elle.

Faouziatou lors de sa soutenance.

Un sujet de recherche au cœur des enjeux agricoles du Nord-Bénin

Pour son master, Faouziatou a orienté ses travaux sur le thème: Effet de l’association sojamaïs et de l’inoculation rhizobienne sur la diversité, l’abondance des nématodes “free-living” et des adventices au Nord-Bénin.

Un sujet à la croisée de la productivité agricole, de la gestion intégrée des cultures et de la durabilité des systèmes agricoles.
Ses analyses ont démontré que certaines associations soja-maïs, combinées à des inoculations de rhizobiums, influencent fortement :

  • La diversité et l’abondance des nématodes ‘’free-living’’,
  • La pression des adventices 
  • Et les performances agronomiques des cultures.

Au-delà des résultats scientifiques, le projet lui a permis d’approfondir des compétences pointues en phytotechnie, en manipulation de laboratoire, en traitement de données et en conduite d’expérimentations.

Travail en laboratoire sur la culture de champignons.

Entre défis logistiques et discipline de fer

Travaillant sur un site situé à 10 kilomètres de Parakou, sans moyen de déplacement personnel, Faouziatou a dû concilier trajets coûteux, travaux de terrain et analyses en laboratoire.
« La gestion du temps fut ma plus grande difficulté », reconnaît-elle.
Elle s’en est sortie grâce à une organisation rigoureuse et au soutien constant de ses encadrants.

L’Association ÉvreuxDjougou, un pilier depuis plus de dix ans

Depuis le collège jusqu’à son master, l’association a été présente à chaque étape.
« Sans leur soutien, je n’aurais certainement pas pu poursuivre mes études dans les mêmes conditions », affirme-t-elle avec gratitude.

Elle livre un message fort aux membres et donateurs : « Merci d’avoir cru en une enfant que vous ne connaissiez pas personnellement. Aujourd’hui, je suis ingénieure agronome grâce à vous. Je prie pour que Dieu vous le rende au centuple. »

Des ambitions bien ancrées dans le réel

Titulaire d’un master, Faouziatou ne compte pas s’arrêter là.
Son avenir s’oriente autour de trois axes :

1. La professionnalisation

Elle prévoit un stage qui lui permettra de consolider ses compétences, tout en poursuivant certaines activités économiques, notamment la production de champignons comestibles, un domaine agricole auquel elle accorde un intérêt croissant.

2. Le soutien familial

Elle souhaite obtenir un emploi stable pour soutenir ses frères et sœurs et contribuer aux soins de son père malade.

3. L’entrepreneuriat agricole

Son objectif ultime est clair : créer sa propre entreprise agricole, innovante, durable et accessible aux producteurs, avec un focus particulier sur les femmes.

Elle nourrit aussi une vision audacieuse : être la première à implanter un système digne de nom de production hors sol au Bénin.

Recueil de mesures et d’observations sur le terrain par Faouziatou.

Inspirer la nouvelle génération

Faouziatou souhaite désormais servir de modèle aux jeunes filles qui doutent de leur capacité à poursuivre leurs études : « Tu n’as pas besoin d’être parfaite pour avancer. Commence avec ce que tu as. Les petits pas, faits avec constance, finissent toujours par t’emmener loin. »

Elle résume son histoire par une phrase qui pourrait être la devise de toute une génération : « Je suis partie de peu, mais avec la foi, la discipline et la gratitude, j’ai construit route après route ce que je suis devenue aujourd’hui. »

Une réussite qui dépasse la sphère académique

Le parcours de Faouziatou est aujourd’hui l’exemple vivant d’un investissement qui porte ses fruits : celui d’une jeune femme déterminée et celui d’une association qui a cru au potentiel des filles de Djougou.
De la mention très bien à la licence jusqu’au master, son histoire s’écrit désormais dans une dynamique d’impact, d’ambition et d’inspiration.

Et ce n’est qu’un début.

Isabelle Lemou